Refonder l’approche politique du co-développement

Le terme co-développement a envahi l’ensemble du champ politique : il s’agit de profiter du dynamisme des populations immigrées et de favoriser leur participation au développement de leurs pays d’origine. Initialement pensé comme un outil au service de la solidarité internationale, il est finalement devenu un paravent pour des politiques d’immigration restrictives et une notion « fourre-tout » pour des dirigeants politiques souvent mal inspirés dès que l’on traite des migrations internationales. Ainsi, Nicolas Sarkozy a lié, au sein du « Ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire » (MIIINDS), l’immigration et le co-développement.
Le concept offre pourtant des perspectives pour une coopération renouvelée et renforcée entre les pays du « Nord » et du « Sud ». Il peut permettre d’accompagner les migrants dans leurs projets, de renforcer les liens existants entre les territoires concernés par les migrations et de soutenir l’aide publique au développement. Il est donc nécessaire de se pencher sur les pistes qui existent pour réhabiliter le co-développement, en améliorer les pratiques et en développer les bénéfices. Cela doit passer par une critique des politiques et des mécanismes existants ainsi que, de manière générale, par une réflexion sur les politiques migratoires et l’aide au développement.
La présente note ne se veut pas une analyse exhaustive des pratiques du co-développement. Elle propose plutôt un point de vue sur les approches politiques du concept. Au-delà de la critique de l’association entre co-développement et maîtrise des flux migratoires, qui s’avère non seulement dangereuse mais inefficace dans la mesure où elle s’appuie sur une vision erronée tant de la nature des flux migratoires que de celle du développement, il paraît nécessaire de réinventer une doctrine progressiste du co-développement, fondée sur 3 axes :
- Engager un nouveau dialogue sur les migrations : il est urgent de revenir à un discours plus pragmatique, qui comprenne les nouvelles migrations et adopte des dispositifs pour favoriser la mobilité des travailleurs, leur permettant de stabiliser leur situation dans le pays d’accueil.
- Refonder l’architecture politique du co-développement. Il est nécessaire de mettre fin à la tutelle du MIINDS sur le co-développement, et que s’y substitue une délégation interministérielle regroupant les acteurs publics liés à cette question, sous la tutelle du Ministère des Affaires Etrangères. Une coopération permanente doit aussi être pensée entre pouvoirs publics et société civile, au Nord et au Sud.
- Définir les espaces et les priorités d’action. La multiplicité des acteurs rend le paysage de l’aide confus. Les régions semblent être le niveau d’action pertinent en matière de co-développement. Il est aussi important d’intégrer le co-développement au sein du champ plus vaste de l’Aide Publique au Développement, en développant une approche multi-partenariale du financement des politiques de solidarité.